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Peut-être perdit-il par courtoisie. Azilis ne pouvait en être sûre. Ce dont elle était certaine en revanche, c’est que Sextus Cogles l’avait aidée à surmonter sa peine. La mort d’Aneurin la hanterait toujours, mais la blessure se cicatrisait. Et c’était en partie grâce à cet homme doux et tranquille, qui savait accepter ce que la vie lui avait offert et ce qu’elle lui avait retiré.
Dans la matinée, elle lui prépara de l’huile de lavande. Il faudrait la laisser macérer trois jours en plein soleil avant de l’utiliser. Elle serait loin, alors, sur le point d’embarquer pour la Bretagne.
Ils prirent congé de leur hôte peu après midi. Azilis lui expliqua comment utiliser l’huile pour soulager ses crises de rhumatismes. Elle se tenait à côté de Luna, prête à monter en selle. Étonnée de la tristesse qui l’étreignait au moment de quitter quelqu’un qu’elle connaissait si peu, elle hésita, puis serra soudain le vieil homme dans ses bras :
— Merci pour ton accueil, Sextus. Tu m’as donné plus que tu ne crois.
Il lui sourit :
— Vous aussi m’avez beaucoup apporté ! Moi pour qui une promenade au forum est devenue une expédition, voilà que vous m’amenez le vent du large à domicile ! Je me joins à vous par l’esprit, Kian et Niniane. Je ferme les yeux et je vois apparaître les falaises blanches de Bretagne…
Elle demeura un instant immobile puis, soudain, elle attrapa le sac de cuir accroché à la selle de Luna et en retira le rouleau des Bucoliques qu’elle avait pris dans la bibliothèque de son père.
— Pour toi, Sextus. Pour voyager aussi sur l’océan des mots et traverser les siècles. Laisse-moi t’offrir ce livre. Il ne pouvait trouver meilleur lecteur.